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    PAQUES

     

    Voici venir Pâques fleuries,

      Et devant les confiseries

      Les petits vagabonds s'arrêtent, envieux.

      Ils lèchent leurs lèvres de rose

      Tout en contemplant quelque chose

      Qui met de la flamme à leurs yeux.

      Leurs regards avides attaquent

      Les magnifiques œufs de Pâques

      Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins,

      Magnifiques, fermes et lisses,

      Et que regardent en coulisse

      Les poissons d'avril, leurs voisins.

      Les uns sont blancs comme la neige.

      Des copeaux soyeux les protègent.

      Leurs flancs sont faits de sucre. Et l'on voit, à côté,

      D'autres, montrant sur leurs flancs sombres

      De chocolat brillant dans l'ombre,

      De tout petits anges sculptés.

      Les uns sont petits et graciles,

      Il semble qu'il serait facile

      D'en croquer plus d'un à la fois ;

      Et d'autres, prenant bien leurs aises,

      Unis, simples, pansus, obèses,

      S'étalent comme des bourgeois.

      Tous sont noués de faveurs roses.

      On sent que mille bonnes choses

      Logent dans leurs flancs spacieux

      L'estomac et la poche vides,

      Les pauvres petits, l'œil avide,

      Semblent les savourer des yeux.

     

    MARCEL PAGNOL

     


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